[ 6 ] Nationalisme, frein à l'internationalisation
|
Comment expliquer ces relations tumultueuses avec les étrangers, ces difficuItés
à implanter la segyehwa ? Plusieurs raisons à mons avis. L'histoire bien
évidemment. La Corée a été à plusieurs reprises envahie,
longtemps colonisée par les Japonais avant de l'être d'une certaine façon
par les Américains. Le pays a été une victime de la guerre froide.
A cela il faut ajouter le problème de la division territoriale. Tout cela a
obligé la Corée à se créer une forte identité nationale
et à se méfier de l'étranger. Le pays a longtemps été très
fermé. Les Coréens n'ont le droit de voyager librement à l'étranger
que depuis 1989. L'internationalisation est quelque chose de nouveau pour eux. Cela
ne s'apprend pas du jour au lendemain.
L'éducation aussi est un handicap. L'éducation au sens large, à
l'école comme dans les média où l'on parle toujours favorablement
de la Corée, de ses réalisation techniques, de sa glorieuse histoire...
Pourquoi alors s'intéresser aux autres pays ? Autre point : la forte homogénéité
du peuple coréen puisque 99% des Coréens sont d'origine coréenne.
Par comparaison en France, la moitié de la population a au moins un grand-parent
d'origine étrangère.
Depuis qu'ils sont tout petit, les enfants français ont dans leur classe des
blancs, des noirs,des asiatiques, des nord-africains... Ce qui n'est pas le cas en
Corée, d'où une moindre habitude à rencontrer des gens différents.
Une anecdote à ce niveau, une fois, je regardais un match de football où
jouait l'équipe de France à la télévision avec un ami coréen,
et il m'a demandé: "mais les Français, vous êtes blancs ou noirs
?". A titre personnel, je suis confiant sur l'avenir de la globalisation en
Corée. Je distinguerai le système qui est encore fermé, de la population
qui, elle au contraire, ne demande qu'à s'ouvrir sur le monde. Les Coréens
me semblent ouverts, accueillant, curieux des autres cultures. Encore une fois, la
segyehwa est récente. Elle ne peut pas s'imposer en un jour. Mais elle finira
pas s'imposer.