hJEAN PIEL : LES DEFIS QUE LA COREE DOIT ENCORE RELEVER
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[ 5 ] Les étrangers en Corée


Ce sujet de la segyehwa oblige à parler des relations avec les étrangers. J'ai souvent l'impression que les Coréens sont très désireux de rencontrer des étrangers, de parler avec eux... Mais en même temps, ils ne sont pas à l'aise; ils ne savent pas comment les aborder. Il sont trop gentils ou trop distants, mais ils ont du mal àétablir une relation d'égalité. Il existe -c'est vrai-le problème de la barrière des langues. Je pense que le mieux est de rester naturel et de parler simplement avec les autres. A ce niveau, j'ai toujours été surpris par le nombre d'étudiantes qui partaient en France pour des séjours linguistiques, et revenaient apès trois ans, sans s'être faites d'amis français, car toujours elles étaient restées entre Coréennes. A contrario à Séoul, les étrangers peuvent parfois subir des petites vexations: on refuse de s'assoir àcôté de vous dans le bus, les vendeuses dans un magasin ne viennent pas vous servir, des adolescents font des réflexions en coréen sur votre passage dans la rue...

Cela dit, la situation des étrangers européens ou américains est très correcte dans la Péninsule. Mais ce n'est pas le cas pour les ouvriers philippins, népalais, pakistanais... Beaucoup d'entre-eux sont dans des situations proches de l'esclavage. J'ai fait plusieurs enquêtes sur ce sujet, et j'ai vu des choses scandaleuses. Ces ouvriers étaient traités comme des chiens par leur patron et par leurs collègues... Hélas la majorité des gens se désintéressent du problème. Certes il y a quelques associations d'aide aux travailleurs immigrés, mais elles ont peu de moyens. Certes qu'elles existent est déjà bien.

Autre problème : en cas de conflit entre un Coréen et un étranger, on ne donne jamais raison à l'étranger. J'ai vécu plusieurs situations où, par principe, on donnait raison au Coréen. Sans réfléchir, par réflexe, même s'il était évident qu'il avait tort. L'exemple le plus marquant que je pourrais vous donner concerne un étudiant ivoirien à l'UNS, étudiant en gestion qui parlait parfaitement coréen. Un jour, un professeur a refusé de faire cours en sa présence, décidant qu'un Africain ne pouvait pas savoir parler coréen. Et il a dû quitter la salle. Mais ce qui lui a fait le plus mal, c'est qu'aucun étudiant n'est intervenu en sa faveur. Aucune solidarité de la part des autres étudiants. La presse aussi, dans ses articles, ne donne jamais raison à un étranger contre un Coréen. On a pu le voir dans l'affaire de l'ouverture du marché du riz en 1993 par exemple. A ce chapitre, il faut ajouter la question des mariages internationaux, toujours très mal vus dans la Péninsule.